mardi 9 juillet 2013

La course à l'abîme - Dominique Fernandez

Rappel COUP DE COEUR



Le Caravage représentait un sujet de prédilection pour Fernandez: l'Italie (Rome et Naples surtout) comme toile de fond, un artiste homosexuel à la vie scandaleuse, un peintre novateur refusant les modèles, une vie marginale en butte aux convictions de la "bonne société" et de l'Eglise (aux environs de 1600 à Rome, l'Inquisition sévit), enfin une descente volontaire vers l'abîme avec une savante "stratégie du fiasco", Fernandez ne pouvait que succomber à la séduction de l'inventeur du clair-obscur. Evidemment la recette reste la même que pour Pasolini ou Tchaïkowski: une vie d'artiste marquée par homosexualité, scandale et marginalité n'est qu'un prétexte pour libérer les fantasmes de l'auteur et exprimer ses conceptions sur l'existence et l'art.
L'analyse des tableaux est passionnante, offrant souvent une triple lecture: celle de l'Eglise (critique et réprobatrice), celle des défenseurs de Caravage (essayant de trouver une interprétation religieuse et morale), enfin celle de Fernandez qui, se substituant au Caravage, devine ses intentions profondes et démasque son amour des jeunes garçons, de leurs corps, sa revendication de liberté dans sa peinture et dans sa vie, son besoin de provocation jusque dans sa mort.
Cette biographie romancée fait en outre revivre l'Italie du début du XVIIe siècle, tout particulièrement Rome: l'Eglise et sa rigueur (de façade!), la noblesse et les intrigues politiques, les mécènes, les voyous des bas quartiers et toute l'effervescence artistique en musique et en peinture.

[compte-rendu de 2003]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire