mardi 24 février 2015

Buffalo Runner - Tiburce Oger



 
1896. Henri Ducharme et ses deux enfants font route depuis La Nouvelle-Orléans vers l'Eldorado californien. Au milieu du désert, ils se font attaquer par un petit groupe de trois malfrats.
Ed Fisher, un vieux cow-boy intervient en abattant les individus, mais ne pourra sauver que la jeune Mary du massacre. Sachant que le reste de la bande ne doit pas être bien loin, la rescapée et son sauveur se réfugient dans les ruines d’une maison, dans l’attente de l’assaut final qui ne manquera pas d’intervenir à l’aube.
Pour éviter de sombrer dans le sommeil, le vieil homme entreprend alors de conter l’histoire de sa vie… Sa vie aventureuse de Buffalo Runner, avec, bien sûr, l'épisode du massacre des bisons, du commerce de leurs peaux, de l’affaiblissement des Indiens qui s’en nourrissaient et qui vont se révolter, des ranchs, et des lignes ferroviaires. Bref, la conquête de l'Ouest...
Mais si avec Buffalo Runner, Tiburce Oger revient aux sources du western, beau, âpre et sauvage, on est loin des codes et des stéréotypes imposés par Hollywood. Ainsi, vous n’y trouverez pas une ode à la gloire des valeureux conquérants arrachant la terre promise à des sauvages qui avaient l’outrecuidance de l’occuper. De même, aucune magnificence des héros glorieux et honnêtes au programme. L’auteur s’attache à livrer un témoignage réaliste et documenté de la conquête de l’Ouest à travers la vie d’un de ces anonymes qui essayèrent de se faire une place dans ce nouveau monde. Malheureusement, comme pour le personnage principal de ce récit, les incessants bouleversements de cette nation en devenir furent bien souvent impitoyables.

Comme le dit Tiburce Oger lors d'une interview : «Mais point de salut, fiers lecteurs, dans ce western, vous ne trouverez que "de la sueur, du sang et des larmes"... ».

Pour relater cette aventure, le scénariste adopte un mode de narration plaisant et efficace. Les longs flash-back sur les tranches de vie du vieux Fisher entrecoupent la longue veillée d’armes des deux assiégés. La fin de l’album réserve une très jolie surprise. Le ton adopté oscille entre nostalgie d’une époque où tout semblait possible et regrets face au prix à payer et aux occasions perdues.

Un album fort et dense parmi les plus marquants de ce début d’année, une pépite du neuvième art…

Pour ados et adultes.



  (Cliquez sur l'image ci-contre pour apprécier les dessins) 


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