mardi 26 mai 2015

Bilqiss - Saphia Azzeddine



Bilqiss est le prénom d’une femme qui, dans une cellule de prison d’un pays musulman, probablement l’Afghanistan, attend sa mort par lapidation. Son crime ? Avoir lancé l'appel à la prière (une prière remaniée à sa façon) à la place du muezzin un matin où celui-ci ne s’est pas réveillé. Et puis parfois avoir laissé dépasser une mèche de cheveux de sa burqa et surtout… savoir lire !
Accusées de tous les maux, dont celui d’avoir dans son réfrigérateur des aubergines non coupées, signe phallique qui ne fait que confirmer que l’accusée était femme de peu de foi. Elle tiendra tête, grâce à sa verve acide, à ces hommes qui considèrent les femmes comme des êtres inférieurs.
Le roman, raconte les journées de procès qui précèdent la séance de lapidation annoncée. On entend la voix de Bilqiss, mais aussi celle du juge, conscient de l’extrême injustice de la justice qu’il est en train de rendre. Mais pourquoi tergiverse-t-il à ce point ?Et puis la voix de Leandra, une journaliste américaine qui, débordant de compassion occidentale, est persuadée qu’elle peut sauver la prisonnière.
On voudrait plaindre Bilqiss, l’aider, militer pour elle et pourtant, elle exècre les bien-pensants. D’ailleurs, elle confesse à Leandra, venue dans l’espoir de montrer à la face du monde les atrocités faites aux femmes, que l’unanimisme émotionnel est ce que le micro-onde est à la gastronomie, facile et nuisible. Pourquoi vouloir les aider ? Les considère-t-on comme incapables de gérer leur existence ? Que connaissons-nous de leurs besoins, nous occidentaux qui retournerons à notre vie facile après avoir fait le show et s’être sentis utiles en soutenant ou militant pour une cause qui nous dépasse?
Le juge, lui, est coincé dans ses dogmes, dans son application obtus de la charia. Il aspire à une autre fin pour Bilqiss, mais il reste prisonnier de la bêtise des fanatiques envers les femmes. Pour ces femmes, l’homme et la religion sont la source du problème. L’homme, car il est incapable de regarder l’une d’entre elles sans voir dans ses formes un appel au sexe ou de croiser un regard féminin sans y lire une invitation au plaisir charnel. Puis il y a la religion, qui, une fois interprétée et transmise par des illettrés, sert d’excuse aux cruautés commises contre elles.
http://fr.calameo.com/read/002693300e9d6efa9cf10En lisant se livre on se demande alors qui est réellement libre et qui est opprimé. Bilqiss est probablement la personne la plus libre du livre, même si elle est dans une cellule et dans un tribunal. Elle se réapproprie Allah, parce qu'elle estime qu'on lui a volé dieu. En effet, elle ne croit pas à la justice des hommes et à la charia qui pour elle est une production humaine. Elle croit en la bonté de dieu et jusqu'au bout elle reste musulmane, mais libre.

Ce roman, bien écrit, répertorie un florilège de phrases assassines, montrant l’esprit et la détermination de l’héroïne. 
Ce n’est pas une charge anti-islam. Mais un roman qui fait réfléchir à ce qui se passe là-bas, certes, mais aussi à notre comportement de bien-pensant occidental en quête de bonnes actions. A dévorer !! 


CLIQUEZ SUR LA COUVERTURE POUR LIRE QUELQUES PAGES!


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire